Sinus et cosinus

Au premier rang d'une salle de classe pas vraiment obscure, moi, la littéraire appliquée mais pas trop, tente d'assimiler des notions tout aussi mortelles mais beaucoup moins poétiques que celles issues de mon étude du Dormeur du Val, que j'envierai presque à cet instant précis.

J'y apprends, non sans ennui, qu'un sinus ne serait pas seulement qu'un bout de tuyauterie hautement inflammatoire qui m'a souvent donné, dans ma prime jeunesse, un mal de tête comparable à celui qu'est en train de m'infliger le prof de maths.

Sinus et son double maléfique, Cosinus, s'amusent sur le tableau à faire des vagues dans lesquelles je me noie. De toute façon, les maths ne sont pas ma tasse de thé, et je suis en train de la boire, plongée dans mes pensées.

Un coup en haut, un coup en bas, Sinus et Cosinus semblent très indécis, et jamais sur la même longueur d'ondes. L'un surfe quand l'autre est au creux de la vague. Leur perpétuel mouvement me donne le tournis : est-ce si compliqué de se stabiliser ? D'être d'humeur égale, de cesser cette fluctuation lunatique ? Je me figure une ligne droite, à la manière d'un électro-encéphalogramme plat. L'image n'est finalement pas plus rassurante.

Au moins, Sinus et Cosinus, frères ennemis, sont en vie, contrairement à mon Dormeur du Val. Ils ont un peu le mal de mer, ou celui des montagnes, ils ne savent pas trop. Mais ils sont là. Ils respirent, même si c'est un peu difficile parfois, s'ils boivent parfois la tasse, s'ils sont en apnée, des fois. Ils suivent le mouvement, luttent puis se laissent porter par le courant.

La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Mais ça, ils le savaient déjà.

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